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Rude girl

Birgit Weyhe réussit l’exploit de présenter en une BD à la fois la biographie d’une femme afro-américaine remarquable, Priscilla Layne, et l’autocritique de sa propre BD, en direct.

Lorsqu’elle propose à la concernée l’autorisation de dessiner sa vie – son enfance et son vécu de personne métisse, ses origines caribéennes, son militantisme skinhead… -, celle-ci le lui accorde, à condition de pouvoir relire au fur et à mesure les chapitres écrits. S’ensuit un découpage très original, et des pages de plus en plus inclusives et perspicaces.

Une réflexion très pertinente sur le genre, la race et la classe, mais aussi sur la culture et le rôle des artistes. Dans une actualité où l’on critique à grands cris la cancel culture et les sensitive readers, Birgit Weyhe et Priscilla Layne nous offrent main dans la main la preuve par l’exemple que l’autocritique et la déconstruction peuvent être une plus-value incontestable à l’art et la littérature.

La Belle de mai

Dans cette bande dessinée aux traits bichromes mais non moins expressifs, nous sommes plongé.e.s à Marseille en 1887. Une des manufactures de tabac de la ville, où travaillent principalement des immigrées italiennes, va devenir le lieu d’embrasement d’une des premières grèves de femmes en France.

Nous suivons Teresa, Sespo et Rosa qui, animées d’abord par l’injustice des fouilles au corps qu’elles subissent à l’usine, vont se retrouver au centre d’une vague de solidarité féminine et émancipatrice qu’elles n’avaient pas prévu. Une belle leçon d’histoire et de sororité.

Un coup de cœur de Mathilde.

En territoire ennemi

Déjà fragilisée par sa famille ultra conservatrice qu’elle vient d’arriver à quitter, Carole rencontre en école d’art Stéphane, son prince charmant, qui semble parfait… jusqu’à ce que l’image se fissure. D’incisif il devient virulent ; d’un peu jaloux, possessif ; et de méfiant, il se fait masculiniste et néo-nazi. Les murs se resserrent autour de Carole qui n’a plus que le dessin pour elle (pour combien de temps ?).

Carole Lobel dépeint cette spirale de violence avec une finesse remarquable et un trait très expressif.

Un coup de cœur de Mathilde.

Gogoplata

Nous sommes en l’an 20 de l’ère Tuva. Humain.e.s et extraterrestres vivent en harmonie depuis que « Tuva l’héroïne » a mis fin à la guerre… mais un fléau inédit s’abat sur la Terre, et une nouvelle mission est préparée. On organise alors un grand tournoi pour désigner la personne qui aura l’honneur d’y accompagner Tuva. Milonga veut gagner. Mais à quel prix, et est-ce pour les bonnes raisons ?

Entre space opera et drame écologique, précision des arts martiaux et colorisation acidulée, on craque complètement pour cette BD de Sophie Couderc. On connaissait l’autrice-illustratrice pour ses micro-éditions, on est ravi.e.s de la lire dans un travail plus long, et on a déjà hâte de lire la suite.

Go lire Gogoplata !

Un coup de cœur de Mathilde et Streaky.

Idéal

Nous sommes au Japon en 2160 ; plus précisément sur l’île de Kino, la seule à interdire l’usage des intelligences artificielles humanoïdes. À l’aube d’une nouvelle loi qui annonce la fermeture des frontières, Hélène fait entrer illégalement Kai, une IAH supposée prédire et remplir les besoins d’autrui. Dans l’espoir de sauver son couple (et sa vision d’elle-même ?), Hélène lui donne le visage et le corps qu’elle avait vingt ans plus tôt.

Une réflexion sur la modernité, l’amour, le désir (de soi et de l’autre), le tout dans un découpage cinématographique maîtrisé et une esthétique envoûtante.

Un coup de cœur de Mathilde.

Hey Djo !

Djo et son père ne se connaissent pas très bien. Il faut dire qu’André est camionneur et que, pendant l’année, il part semaine après semaine seul sur le bitume. Mais voilà l’été et, poussé par sa mère, Djo s’apprête à passer une partie de ses vacances sur le siège passager.

Une ode à l’adolescence, à cette relation père-fils qui s’étoffe au fil des kilomètre, et à un métier mal connu… tout en finesse.

Un coup de cœur de Mathilde.

Victory Parade

Brooklyn, 1943. Les hommes sont à la guerre, en train de sauver l’Europe ; les femmes sur les chantiers, gagnant des droits mais aussi de nouvelles couches d’exploitation, marquées dans leurs corps.

Leela Corman nous livre le quotidien de Rose, de sa fille Éléonore et de Ruth, réfugiée juive allemande qui habite avec elles. Des récits marquants, accentués par l’aquarelle dense, onirique et très référencée (vous ne manquerez pas de reconnaître, entre autres, l’hommage remarquable aux tableaux d’Otto Dix) de l’autrice.

Un coup de cœur de Mathilde (qui ne s’en est pas encore tout à fait remise).

Today’s special

Le quotidien comme preuve d’affection, manger ensemble, comme un rituel, une promesse. Une relation amoureuse qui se tisse autour des plaisirs de la table et s’y dénoue également, ne plus avoir (le) goût de l’autre. C’est tout ça que nous raconte Today’s special.

Les merveilleux dessins de Melek Zertal accompagnent avec douceur et mélancolie cette histoire d’amour, de cœur brisé et d’œufs mimosa.

Il y a longtemps que je t’aime

Annie se retrouve seule sur une île déserte après une violente tempête. Elle qui souhaitait une aventure pour écrire se retrouve à devoir survivre dans ce milieu hostile. Face à elle-même et sa solitude elle va trouver l’espace pour questionner sa relation avec son compagnon, Alain, sur l’amour et le désir. Peut-être que sur cette île pas si déserte que ça elle trouvera le moyen de s’émanciper.

Magnifique dans le fond comme dans la forme, Marie Spénale nous offre en plus de ça un personnage féminin (âgé et désirant, ce que l’on ne voit pas assez !) d’une grande profondeur.

Des fourmis dans les jambes

Deux histoires d’errance, d’attente(s), d’annonces dans ce lieu si particulier de hall d’aéroport. Des histoires qui couvent dans la cohue, entre jour et nuit, dans la lumière du petit matin on s’endort sur un banc inconfortable, on se perd dans les galeries marchandes au crépuscule, paiement sans contact, vie en suspens.

Immense coup de cœur pour cette magnifique bande dessinée, entre rêve et salle d’attente.

Baguenaudes

L’autrice cherche à s’affranchir du narratif sclérosé de l’amour et de la sexualité à travers cette balade graphique décousue et un peu bordélique. Entre lichens et croûtes terrestres, elle interroge le rapport au corps, aux autres, à soi.

Une errance organique et salvatrice, magnifique, drôle. Un bricolage astucieux d’introspection, de réflexions intimes et poétiques et d’illustrations qui se fabriquent et dialoguent entre elles.

Formidable exploration.

Un coup de cœur non retenu de Charlotte.

Ma famille imaginaire

Edith Chambon nous raconte comment du jour au lendemain sa vie se retrouve bouleversée par un souvenir, un quelque chose qui vient du fond d’elle-même et qui la terrorise. Elle essaie alors de comprendre ce qu’il se passe, ce qui s’est joué en elle et dans sa famille.

Il est question de silence, de violence, de transmission de traumatismes et de secrets dévoilés, mais aussi d’amour et d’amitié.

Remarquable, d’une grande intelligence et avec humour, Edith Chambon détricote son histoire familiale et nous propose une réflexion sur une myriade de sujets d’actualité.

Virtuose graphiquement et narrativement, c’est un coup de cœur total !

La Distinction

Un jeune professeur décide d’enseigner à ses élèves de lycée la Distinction de Pierre Bourdieu. Il développe par des exemples concrets les concepts fondamentaux du grand sociologue français. Chacun et chacune va venir interroger sa classe sociale et ses propres goûts, quitte à venir bousculer leur famille.

Passionnante relecture contemporaine de ce classique de la sociologie, cette bande dessinée permet d’appréhender les, parfois complexes, théories de Bourdieu.

Super intéressant !

L’Illusion magnifique

Lors d’une manifestation contre le nazisme, Roberta Miller revoit en flashback le chemin qu’elle a parcouru jusque là. Elle a fuit son Kansas natal pour New York. Elle devient bénévole dans un journal communiste, mais elle doit urgemment trouver de quoi gagner sa croûte. Elle tente de se faire une place dans l’univers florissant du comics des années 40.

On suit avec plaisir les tribulations de cette pugnace héroïne dans un New York survolté, truffé de combines, d’éditeurs à la moralité douteuse et de multiples personnalités tourbillonnantes. On a hâte de la suite ! Une bande dessinée qui est aussi vivifiante pour le regard, tant le dessin est réussi.

Un coup de cœur de Charlotte.

Papa ou le Francky

Franck, le père de l’auteur a de la suite dans les idées, toujours à chipoter, ou réparer quelque chose à l’aide de ses huit perceuses différentes. Incorrigible bricoleur, cuisinier créatif, peintre daltonien, c’est un papa (extra)ordinaire. Ses aventures sont un régal de drôlerie, tant absurdes qu’attendrissantes.

Une bd éditée chez la formidable maison Éditions Exemplaire.

Un coup de cœur de Charlotte.

Sans panique

La jeune Romie est la seule rescapée d’un accident. Elle est rescapée sur une île dont les habitants sont étrangement apathiques. Même Danaé, la jeune fille de la famille qui l’a recueillie, ne ressent rien à l’annonce de la météorite fonçant droit sur l’île. Romie, elle, est traversée de nombreux sentiments. Réussira-t-elle à convaincre les insulaires de sauver leur peau ?

Très touchante (et drôle !) première bande dessinée de Coline Hégron qui est traversée de belles questions, un récit d’apprentissage et d’amitié.

Nous sommes tout autant séduites par l’harmonie des couleurs et les dessins de l’autrice. Tout est beau !

Le Livre oracle

Xavier Bouyssou, oracle contemporain, nous offre ses prophéties sur le monde de demain, avec malice et acidité. Une application de rencontre qui sait mieux que vous ce que vous cherchez et ce qu’il vous faut, le rap qui devient has-been, le style auteur de bande dessinée qui devient sexy, un monde sous algorithmes, 100% crypto.

Drôles et inquiétantes, ces visions du futur sont un délice.

Merci cher oracle !

Sofia Kovalevskaïa

Woah !

Roman graphique autour de la vie de la mathématicienne russe Sofia Kovalevskaïa. Passionnante et passionnée !

Elle et sa sœur voient plus loin que leur condition de jeunes femmes (à marier) qui les enferme. Elles tentent chacune à leur façon de se défaire de leur destinée noble et paisible. Sofia va surmonter les épreuves pour vivre la vie d’intellectuelle dont elle a les ambitions. Enthousiasmantes et révolutionnaires, Sofia et sa sœur sont d’une modernité folle !

Les superbes dessins d’Alice Milani sont aussi inventifs que les personnages dont ils racontent la vie !

Coup de cœur de Charlotte.

Jim

À travers ses magnifiques dessins et ses mots François Schuiten rend hommage à son chien disparu, Jim.

Par cet ouvrage, l’auteur illustre à merveille le lien puissant, indéfectible que lient les animaux – de compagnie, mais le mot est trop réducteur – et les humains.

Troublant. Magnifique.

Le Nécromanchien

John Morose vit dans l’ombre de son ami et voisin, Hans Dubonheur. Celui-ci a un succès grandissant grâce à ses tableaux de chats.

John, lui, est dans la sidération, convaincu qu’il ne lui manque que le bon pinceau pour se mettre à son chef-d’œuvre… Malheureusement (ou heureusement) pour lui, son magasin de fourniture d’art va devenir une animalerie. L’occasion peut-être d’une rencontre qui va changer sa vie.

Formidable bande dessinée de Matthias Aregui qui nous parle des affres de la création, de la confiance en soi, de la trahison mais surtout de l’amour !

Édité avec talent par les Éditions 2024.

Un coup de woooosh de Charlotte !

Bottleneck

D’une grande beauté graphique, cette première bande dessinée de Marco Quadri est une ode aux errances contemporaines.

Un roman graphique choral, où la mélancolie se mêle à l’absurde. On flotte, le cours d’une nuit presque inquiétante, à la rencontre de ces personnages.

Indescriptible, magnifique.

Un coup de cœur de Charlotte.

Motorossa

Après le décès de sa mère, Franca quitte Rome pour venir habiter chez son oncle et sa tante. Elle peine à trouver sa place dans ce petit village de Sardaigne. Silvio va lui faire découvrir les sensations grisantes de la moto. C’est une révélation ! Elle va dépenser tout son héritage dans une flamboyante Ducati rouge et s’inscrire à LA course régionale.

Sera-t-elle à la hauteur ? Les habitants vont-ils enfin la considérer comme une des leurs ? Va-t-elle repartir pour Rome ?

Une bande dessinée touchante, sur l’adolescence, les héritages, les peines et les passions, mais surtout sur comment surpasser son deuil.

Un coup de cœur de Charlotte.

Gratin de chat

Loulou et Nana s’ennuient, elles passent leur été dans la maison pavillonnaire avec leur mère. Les trois ont une relation particulière avec le chat, Chacha. Les tension grandissent et les crispations s’accumulent, surtout que Chacha a une attitude des plus ambiguës…

Gratin de chat est le portrait d’une famille que les non-dits traversent. Un univers étrange, teinté d’un humour acide, mêlé de suspicion, mais surtout un talent qui se confirme dans cette première bd d’Adèle Maury, la lauréate du prix jeune talent du Festival d’Angoulême 2020.

La Petite lumière

Un vieil homme décide de se retirer dans un hameau abandonné. Il vit ses derniers jours dans la solitude et la frugalité.

Une lumière apparaît soudainement, le soir, sur la colline inhabitée d’en face.

Cela tourne à l’obsession, notre vieux héros va chercher à découvrir la vérité. Nous voilà tout autant intrigués que lui.

Cette adaptation du roman d’Antonio Moresco, paru en 2014 aux Éditions Verdier, est une réussite. Grégory Panaccione nous plonge dans cette atmosphère étrange, poétique et inquiétante.

Dix ans

Dix ans, c’est le nombre d’années qu’il reste à la jeune narratrice atteinte de la mucoviscidose. Dix ans, c’est ce qu’il reste de temps pour sauver le vivant.

Dix ans, c’est une bande dessinée, un récit profond, une réflexion sur la vie, ses luttes, ses victoires et ses échecs.

Un ouvrage fort, militant où, comme souvent, l’intime se lie au politique.

C’est beau.

Hypericon

Teresa, jeune égyptologue ambitieuse, débarque à Berlin. Elle participe au montage d’une exposition sur la tombe de Toutankhamon. Son destin va être troublé par la rencontre de Ruben, jeune artiste oisif…

Sublime bande dessinée qui nous plonge dans l’Histoire et les tourments amoureux.

Magnifique !

Environnement toxique

Kate Beaton doit rembourser son prêt étudiant, elle part travailler dans l’extraction de pétrole des sables bitumeux dans l’ouest canadien. Loin de sa famille, seule, elle découvre un monde parallèle ultra masculin.

Kate nous raconte son quotidien (de femme) marqué par le harcèlement quotidien, alimenté de remarques et d’attitudes sexistes et misogynes. Avec un regard critique, elle interroge cet univers capitaliste qui broie l’environnement autant que les humains, avec des conditions de travail déplorables, imprégné de culture du viol.

Au fil des pages, les situations problématiques s’accumulent, l’oppression gagne. C’est un témoignage aussi éprouvant que nécessaire.

Une lecture choc, puissante, complexe, nécessaire.

Un coup de cœur de Charlotte.

Astra Nova

Nova est prête à embarquer pour une mission sans retour, pour explorer la planète L31. Elle qui vit recluse, entièrement dédiée à son projet, se voit contrainte de faire une fête d’adieu avant son départ. Elle se retrouve pour une ultime soirée avec ses « proches », trois ami.es qu’elle n’a pas vu.es depuis 15 ans…

Une bande dessinée qui questionne les choix de vie qu’on fait, ce qu’ils impliquent mais aussi l’amitié et la solitude.

Magnifique, touchant, une réussite.

L’Ami

Tomi est un adolescent timide et solitaire. Il va se lier d’amitié avec Féliks qui, lui, est beaucoup plus audacieux et turbulent. Leur amitié va être mise à l’épreuve quand Océane va se rapprocher de Tomi…

Une superbe bd dont le dessin impressionne de justesse, sur l’ennui, les zones périurbaines, les tourments adolescents et leurs violences.

Un grand coup de cœur de Charlotte.

Brancusi contre États-Unis

Cette bande dessinée reprend le procès (qui paraît improbable aujourd’hui) qui a opposé Constantin Brancusi aux États-Unis. En effet, une de ses œuvres, L’Oiseau, fut considérée comme un objet industriel et manufacturé. L’artiste porte plainte. Le procès va tourner autour de questions fondamentales autour de l’art et opposer la loi aux idées. Quel sera le rôle de ce procès dans la définition des contours de l’art moderne ?

Une bande dessinée absolument réussie, tant dans le fond que dans la forme.

Un coup de cœur de Christophe et Charlotte.

La Femme corneille

Une enquête fascinante sur les corvidés, basée sur l’histoire vraie de Marie-Lan.

Elle va rencontrer, au détour d’une partie de Pokemon GO, un professeur au Musée National d’histoire naturelle de Paris, spécialiste de ces oiseaux. Elle va développer un vif intérêt pour les corneilles et corbeaux. Ils se révèlent d’une grande intelligence et c’est un plaisir total de découvrir la société et le fonctionnement de ces oiseaux (quelque peu mal aimés et pourtant absolument passionnants).

Cette bd, qui mêle science et culture, est parfaite pour tous les curieux et les curieuses.

Un coup de cœur de Charlotte.

Lena la-très-seule

Lena retourne dans la maison de sa mère décédée il y a peu. Entre rangement, menus travaux et appels téléphoniques tendus, elle est confrontée à son deuil. La nuit venant, la frontière entre réel et imaginaire va se troubler et la réalité devient cauchemar…

Maïté Grandjouan nous livre une bande dessinée où les songes se mêlent aux tourments avec un onirisme gothique et halluciné.

Une réussite totale pour ce roman graphique.

Un coup de cœur de Charlotte.

Corps vivante

Julie Delporte nous livre un témoignage d’une grande force. Elle retrace l’histoire de sa sexualité, marquée par des violences sexuelles et les normes sociales. Elle nous parle de son parcours qui va l’entraîner vers la sortie de l’hétérosexualité. Ponctué de références cinématographiques et littéraires, ce roman graphique est un vrai bijou d’intelligence et de douceur. Le dessin organique tendre de l’autrice ajoute une ampleur poétique à ce récit qui, via l’intime, propose de se libérer des injonctions et de se réconcilier avec soi-même.

L’intime est politique et Julie Delporte nous le prouve une fois de plus avec Corps vivante.

Un coup de cœur de Julie, Mathilde et Charlotte.

La Cendre et l’écume

Des événements mineurs s’enchaînent, et voilà l’auteur qui vient explorer son passé, ses racines. Un voyage dans son histoire familiale commence. Des récits, des destins de plusieurs générations se rencontrent et s’enchevêtrent. Des souvenirs qui disent des liens, les filiations, notre monde mais qui aussi pensent un certain futur. Ludovic Debeurme nous parle de ses deuils et de ses joies, de créatrice et d’agent immobilier. Un roman graphique d’une grande douceur, parfois tourmenté, magnifique surtout, accompagné d’un dessin virtuose.

Un coup de cœur de Charlotte.

La Dernière reine

Édouard Roux, après s’être fait défigurer durant la Grande Guerre, trouve refuge auprès d’une sculptrice animalière, Jeanne Sauvage, qui va lui redonner sa dignité. Tous deux vont développer une forte relation. Édouard va faire découvrir à Jeanne là d’où il vient, le Vercors. Ce lieu puissant, sauvage, emprunt d’histoire va inspirer Jeanne.

Une bande dessinée incroyable, qui sensibilise au fragile lien entre l’homme et la nature. Rochette nous livre une œuvre à la fois historique et écologique avec un dessin époustouflant. Une réussite totale.

Un immense coup de cœur de Charlotte.

Deep me

Deep me, c’est une expérience immersive. On se retrouve dans la peau d’un homme amnésique et, comme lui, on essaie de comprendre ce qu’il nous arrive. Prisonnier du noir, peu à peu, à force d’indices et de réflexion, la situation se révèle…

Cette bande dessinée presque exclusivement en phylactères est étonnante et déroutante, c’est une réussite.

Les Pizzlys

Nathan, jeune chauffeur Uber, se retrouve, suite à un accident révélateur de son burn out, à s’envoler pour l’Alaska. Avec son frère et sa sœur, ils suivent Annie qui retourne dans son pays après 40 ans de vie parisienne. Mais le changement climatique fait des ravages : ni les hommes ni les animaux ne s’y retrouvent. Dans ce contexte, les trois jeunes devront s’adapter, survivre sans se perdre ni dans la nature, ni en eux-mêmes. Et rencontrer l’animal-totem.

Jérémie Moreau signe avec Les Pizzlys une formidable aventure.

Un (immense) coup de cœur de Julie et Charlotte.

Breakwater

Chris travaille à Brighton dans un cinéma autrefois somptueux, un des plus grands du royaume : Breakwater. Sa vie solitaire et bien réglée se voit joyeusement chamboulée par l’arrivée d’un nouveau collègue, Dan, avec qui elle se lie rapidement d’amitié. Grâce à lui, elle retrouve de l’élan et ravive son désir de changer de cap. Puis au fil des semaines, elle découvre aussi les difficultés que Dan traverse depuis de nombreuses années.

Katriona Chapman nous séduit par la justesse de l’écriture de ses personnages si attachants, et son dessin noir et blanc pourtant chaleureux, contrastant avec la dureté des sujets abordés. Un roman graphique teinté d’une douce mélancolie. Celle des stations balnéaires hors saison, et des âmes solitaires qui les habitent.

La Tempête

Quel album tendre, fort et drôle, vivant malgré tout. Un récit très personnel, d’une famille (très soudée, très touchante) dont la mère se bat contre un cancer depuis des années. Accompagnée d’un dessin qui nous ravit, cette bd est un magnifique et émouvant hommage.

Les Pissenlits

Les Pissenlits, c’est le nom de la colonie de vacances dans laquelle Nina va passer son été. La jeune fille oscille entre l’enfance et l’adolescence tout en prenant conscience des réalités qui l’entourent.

Dans ce récit graphique très sensible, Nina grandit et profite de cet âge où tout est découverte.

Le Vin Naturel

Pour les curieux.euses ou les assoiffé.es de vin (comme moi qui vous écris aujourd’hui) cet ouvrage est parfait pour vous éclairer sur le vin naturel. Jill Cousin aborde tous les aspects du vin, de la culture à la dégustation en passant par la vinification ! Cet ouvrage est aussi un manifeste pour la biodiversité, le respect de la nature, des producteur.ices et consommateur.ices ! Et en plus, les illustrations de Louise Drul sont super. À votre santé!

Des vivants

Au cœur de la résistance française lors de la seconde guerre mondiale, ce somptueux roman graphique nous intègre dans le Groupe du Musée de l’Homme, fondateur du journal clandestin Résistance.

C’est au plus proche de leurs vies, grâce à la lecture de correspondances, témoignages, tracts et autres souvenirs évoqués que Raphaël Meltz et Louise Moaty ont reconstitué un récit juste et d’une grande poésie, mis en forme par la virtuosité plastique des dessins de Simon Roussin.

On en ressort bouleversé et plein d’une colère saine, pleine de phrases remplies d’une soif de liberté et de justice – car « résister c’est déjà garder son cœur et son cerveau, mais c’est surtout agir ».

Le Grand vide

Dans une ville saturée de grattes-ciel, remplie de gens qui se croisent, habite Manel Naher. Chaque personne vivant dans ce monde doit avoir une présence pour survivre. Cette Présence est générée par la pensée des autres vers soi, même une petite seconde d’attention compte. Manel Naher, notre héroïne, est une personne parmi d’autres dans cette ville, elle va voir sa vie chamboulée et même mise en danger par la présence d’une autre Manel Naher, nouvelle star de la chanson. Il n’y a plus qu’une solution qui s’offre alors à elle pour survivre : tenter le voyage vers le Grand vide.

Premier album à l’écriture originale d’une science-fiction graphique et épurée, Léa Murawiec nous propose une lecture critique de notre société de l’attention et de la visibilité des réseaux sociaux.

Nous avons invité l’autrice en dédicace le 10 décembre à la librairie ! 🙂