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Victory Parade

Brooklyn, 1943. Les hommes sont à la guerre, en train de sauver l’Europe ; les femmes sur les chantiers, gagnant des droits mais aussi de nouvelles couches d’exploitation, marquées dans leurs corps.

Leela Corman nous livre le quotidien de Rose, de sa fille Éléonore et de Ruth, réfugiée juive allemande qui habite avec elles. Des récits marquants, accentués par l’aquarelle dense, onirique et très référencée (vous ne manquerez pas de reconnaître, entre autres, l’hommage remarquable aux tableaux d’Otto Dix) de l’autrice.

Un coup de cœur de Mathilde (qui ne s’en est pas encore tout à fait remise).

Chiennes de garde

Le premier ouvrage traduit de l’autrice mexicaine Dahlia de la Cerda est un coup de poing ! Treize nouvelles qui racontent à travers les yeux d’autant de narratrices le Mexique d’aujourd’hui. Des femmes aux profils variés qui permettent de brosser un portrait social et politique de ce pays profondément misogyne.

Féroces, puissantes, incisives, elles vont tout faire pour régler leurs problèmes, (se) faire justice.

Implacable !

Un coup de cœur partagé par Mathilde, Odile et Charlotte.

Premières à éclairer la nuit

Dans ce roman-récit, Cécile A. Holdban choisit quinze écrivaines-poétesses du XXème siècle qu’elle aime particulièrement (Marina Tsvétaïeva, Alejandra Pizarnik, Fourough Farrokhzad, Sylvia Plath,…) et imagine une lettre écrite par chacune d’elles à un(e) proche. Par ce processus, elle évoque une vie, une passion, une œuvre et les obstacles rencontrés. Car beaucoup de ces écrivaines ont connu un destin funeste, une vocation empêchée par les chaos de l’histoire, par leur milieu social, par la maladie et surtout, parce que femmes. Et bien que plusieurs de ces écrivaines sont parties trop tôt, leurs écrits ont laissé une trace puissante et indélébile dans la littérature.

Un superbe livre qui ne peut que vous donner envie de lire ou de relire ces grandes poétesses.

Un coup de cœur d’Odile.

Il y a longtemps que je t’aime

Annie se retrouve seule sur une île déserte après une violente tempête. Elle qui souhaitait une aventure pour écrire se retrouve à devoir survivre dans ce milieu hostile. Face à elle-même et sa solitude elle va trouver l’espace pour questionner sa relation avec son compagnon, Alain, sur l’amour et le désir. Peut-être que sur cette île pas si déserte que ça elle trouvera le moyen de s’émanciper.

Magnifique dans le fond comme dans la forme, Marie Spénale nous offre en plus de ça un personnage féminin (âgé et désirant, ce que l’on ne voit pas assez !) d’une grande profondeur.

Hors d’atteinte

Marcia Burnier sait décidément parler des plaies laissées (sur la peau et dans le cœur des femmes) par les hommes violents. Dans Les Orageuses, reconstruction sonnait avec vengeance, courage et sororité. Avec Hors d’atteinte, l’autrice offre à ses lecteurices une seconde version de la guérison : que se passe-t-il quand on n’a plus de force ?

Lorsqu’Erin, à bout de souffle, quitte son compagnon qui l’a convaincue pendant cinq ans qu’elle n’était bonne qu’à avoir peur, elle se réfugie dans les Pyrénées. Elle décide d’y panser ses blessures seule, avec sa chienne et ses montagnes.

Une étreinte pour celleux qui en ont besoin, assurément un beau roman pour les autres et en tout cas un coup de cœur pour Mathilde !

La Trilogie de Copenhague – Enfance

Écrite entre 1967 et 1971, cette trilogie danoise est enfin rééditée en français.

Dans ce premier volume, l’auteure, née en 1917, nous raconte donc son enfance dans une famille très modeste, entre un père ouvrier souvent sans emploi et une mère au foyer que le ressentiment rend violente. Avec son frère aîné, ils vivent tous dans un petit appartement de deux pièces où aucune intimité n’est possible.

Pour survivre à la dureté de cette existence, Tove se réfugie très tôt dans les livres et dans l’écriture. Mais son désir de devenir poète est soit incompris, soit moqué par sa famille. Car le seul destin possible d’une fille de son milieu et de son époque est de travailler dès 14 ans et de se marier. Pourtant, la jeune Tove continue d’écrire ces phrases qui lui traversent l’esprit et la rendent heureuse envers et contre tout.

Dans un style où la métaphore poétique est omniprésente et sous-tend un désespoir latent, Tove Ditlevsen nous enchante et nous interpelle.

« L’enfance est longue et étroite comme un cercueil, on ne peut pas s’en échapper sans aide. »

Un bijou dont on attend avec impatience les deux prochains tomes à paraître en 2024.

Traduit du danois par Christine Berlioz et Laila Fink-Thullesen.

Un coup de cœur d’Odile.

Sofia Kovalevskaïa

Woah !

Roman graphique autour de la vie de la mathématicienne russe Sofia Kovalevskaïa. Passionnante et passionnée !

Elle et sa sœur voient plus loin que leur condition de jeunes femmes (à marier) qui les enferme. Elles tentent chacune à leur façon de se défaire de leur destinée noble et paisible. Sofia va surmonter les épreuves pour vivre la vie d’intellectuelle dont elle a les ambitions. Enthousiasmantes et révolutionnaires, Sofia et sa sœur sont d’une modernité folle !

Les superbes dessins d’Alice Milani sont aussi inventifs que les personnages dont ils racontent la vie !

Coup de cœur de Charlotte.

La Chair est triste hélas

Ovidie explore depuis quelques temps les questions de relations amoureuses et de sexualités. Dans la continuité de son travail, elle nous livre ici un récit très intime qui soulève des questions tout à fait universelles. Avec une colère salutaire et un raisonnement logique, Ovidie nous raconte sa sortie de la sexualité.

Ce texte est une invitation à repenser le modèle hétérosexuel, la sexualité, l’estime de soi. Une réflexion à la fois brillante autant que percutante.

Un (très grand) coup de cœur de Charlotte.

Environnement toxique

Kate Beaton doit rembourser son prêt étudiant, elle part travailler dans l’extraction de pétrole des sables bitumeux dans l’ouest canadien. Loin de sa famille, seule, elle découvre un monde parallèle ultra masculin.

Kate nous raconte son quotidien (de femme) marqué par le harcèlement quotidien, alimenté de remarques et d’attitudes sexistes et misogynes. Avec un regard critique, elle interroge cet univers capitaliste qui broie l’environnement autant que les humains, avec des conditions de travail déplorables, imprégné de culture du viol.

Au fil des pages, les situations problématiques s’accumulent, l’oppression gagne. C’est un témoignage aussi éprouvant que nécessaire.

Une lecture choc, puissante, complexe, nécessaire.

Un coup de cœur de Charlotte.

Corps vivante

Julie Delporte nous livre un témoignage d’une grande force. Elle retrace l’histoire de sa sexualité, marquée par des violences sexuelles et les normes sociales. Elle nous parle de son parcours qui va l’entraîner vers la sortie de l’hétérosexualité. Ponctué de références cinématographiques et littéraires, ce roman graphique est un vrai bijou d’intelligence et de douceur. Le dessin organique tendre de l’autrice ajoute une ampleur poétique à ce récit qui, via l’intime, propose de se libérer des injonctions et de se réconcilier avec soi-même.

L’intime est politique et Julie Delporte nous le prouve une fois de plus avec Corps vivante.

Un coup de cœur de Julie, Mathilde et Charlotte.

Impunité

La journaliste dénonce les actes dont elle a été victime. Elle brise douloureusement le silence accompagnée d’autres femmes ayant également subi des agressions sexuelles de la part de Patrick Poivre d’Arvor. Elle décortique le système, notre façon de vivre, le patriarcat et explique comment il est possible dans une société comme la nôtre d’en arriver à cette absence de punition.

Lecture incontournable.

Difficult women

L’écrivaine et essayiste Roxane Gay nous livre avec Difficult women un recueil de nouvelles déroutantes, parfois cruelles mais toujours profondément humaines. Les femmes qu’on y rencontre forment un chœur marginalisé et résilient qui nous conte tantôt le quotidien, tantôt l’inimaginable…

Un livre que l’on dévore, mais qui nous habite longtemps !

Le Sexe des femmes

Anne Akriche nous offre avec Le Sexe des femmes un nouveau témoignage qui prouve que l’intime est politique. Elle nous parle tambour battant de son enfance, de ses premières expériences, de spéléologie, des fonctions du langage et du vagin, de médiocrité et de point G… On est tour à tour énervé.e et hilare. On ressort de cet ovni littéraire plus lucide que jamais.

En résumé, chez Candide on est d’accord avec Virginie Despentes et on ne peut que vous encourager à vous ruer sur cette lecture décapante et salvatrice !

Tu n’es pas obligée

Non, tu n’es pas obligée de correspondre à d’obscures injonctions de beauté ! Cette collection éclaire le jeune public sur des questions de genre et de féminisme. Entre le dictionnaire et le journal intime, Tu n’es pas obligée désamorce les complexes et conflits que les jeunes peuvent éprouver face aux diktats esthétiques.

(À partir de 13 ans.)

Le Voyage sans fin

Dans cette pièce (presque) inédite, Monique Wittig s’empare du Don Quichotte de Cervantès et en propose un détournement jouissif, cent pages entre théâtre, cinéma et pamphlet. Nous découvrons une Quichotte au féminin, qui écrit ses propres livres, fait appel aux femmes de l’Histoire et de la mythologie, libère des galériennes et se bat, évidemment, contre des moulins à vent…

Tout en poésie, dans une langue réfléchie et drôle, cette pièce (presque) inédite est une expérience à part entière, et une très bonne porte d’entrée pour découvrir son autrice.

Les Filles d’Égalie

En Égalie, ce sont les femmes qui ont le pouvoir. Dans cette société matriarcale, un jeune adolescent se trouve confronté à l’impossibilité de réaliser son rêve : devenir marine-pêcheuse. Car les hommes restent au foyer et élèvent les enfants… Écrit en 1977 et enfin traduit en français, ce roman norvégien toujours d’actualité mêle brillamment la parodie à une fine analyse d’une société dominée par un genre. L’impressionnant travail de féminisation de l’écriture permet de réaliser à quel point les inégalités sont véhiculées dans le langage.

Dix questions sur le féminisme

Que savez-vous vraiment du féminisme ?

Valérie Rey-Robert nous donne une révision complète sur la question. Elle y aborde, point par point, son vocabulaire, ses concepts, ses mouvements, ses chiffres, ses clivages et idées reçues. L’autrice réalise un essai clair, concis, (presque) neutre qui est une vraie réussite pour découvrir l’ensemble du féminisme.

Un bon féministe

Un bon feministe, Ivan Repila

Un jeune journaliste se fait traiter de « féministe » par ses colocataires. Un peu surpris et intriguer il va se rendre à une conférence de Siri Hustvedt et se  mettre à réfléchir à la cause, puis soutenir le combat ( grâce notamment à sa rencontre avec Najwa, militante féministe). Très vite pour « aider » la révolution féministe, il va former un groupuscule masculiniste, l’Etat Phallique dans le but de provoquer les femmes.
Un roman surprenant qui prête à réfléchir.

Résine

Résine,  Elodie Shanta 

Résine est une sorcière, les habitants de son village le découvre! Résine s’enfuit avec son mari, ils s’installent ensemble à Floriboule. Mais très vite la vindicte populaire reprend… Une bande dessinée qui va à contre sens des idées reçues, et qui célèbre l’amitié, la sororité et le respect.   Dès 9ans

Eveils

Eveils,

Juliette Mancini 

Album de famille, journal intime, carnet de bord : Juliette Mancini y présente sa famille et son histoire, y révèle par touches de couleur et un graphisme intelligent toutes les interconnexions entre l’intime et le politique. Eveils est un album d’une grande poésie sur la conscience de soi et la conscience du monde.

Je suis une fille sans histoire

Je suis une fille sans histoire,  Alice Zeniter

« Quand l’histoire de la chasse sera racontée par les lapins l’histoire sera tout autre » cette boutade de Woody Allen est LE sujet de ce bref essai. Comment depuis l’Antiquité on façonne les récits, la littérature et nos imaginaires. Passionnant.